8.2.15

her birth(day) story




Petite lili. Deux ans déjà. Deux ans qu'un mardi froid, neigeux, tu avais décidé de venir nous rencontrer. Pendant la nuit déjà j'avais senti du mouvement, un peu de tension dans mon ventre régulièrement et vers 7h du matin, j'avais même fait venir la sage femme pour savoir ce que nous réservait la journée. Mais son verdict était clair : pas de travail engagé. J'avais envie de me projeter dans cette naissance, de savoir comment ça allait se passer pour l'appréhender calmement et plus le temps passait, plus finalement j'essayait de vivre l'instant présent. Il faut dire que tout n'était pas comme on l'aurait souhaité. Si pour Louise, j'avais accouché à la maternité, pour issa, j'avais découvert l'univers d'une naissance à la maison, d'un accompagnement particulier par une sage femme toute dévouée à l'accueil du bébé et au soutien à la maman, une sage femme que j'avais appris à connaître et avec qui je me sentais en confiance. Et une fois qu'on a goûté à une naissance si simple et si naturelle, on a du mal à revenir en arrière. Mais pour lili, point de sage femme pratiquant des accouchements à la maison dans les environs, impossible de prévoir une naissance at home. Il fallait donc bien accepter de se rendre à 30 minutes de là, à la maternité, et d'accoucher en présence d'inconnus en blouse blanche, sur une table d'accouchement et pas forcément dans la position qui me conviendrait. L'idée, bien sûr, avait du mal à faire son chemin. 
Ce mardi matin, pourtant, nous avons été à la maternité, rendu visite au gynécologue, pour le 9ème mois, qui me regarde avec des yeux ronds quand je lui réponds que la dernière fois, j'ai accouché à la maison. "Cette fois, après une heure de contractions, il faudra venir à l'hôpital". J'étais bien décidée à y venir, mais à y accoucher comment j'aurais envie, et pas forcément comment ils me diraient. J'avais préparé ma bulle et ma carapace. 
Mardi midi, nous rentrons à la maison, les contractions ont complètement disparu depuis le matin, seules quelques vagues erratiques font surface, peut-être toutes les heures ? Après le repas, je rejoins mon lit pour une sieste. C'est le 5 février. C'est une jolie date le 5 février, et je me doute déjà que mon bébé aura envie d'arriver avant le 10, pour être né un tout petit chiffre. Je somnole et un coup de pied  (poing?) venu de l'intérieur me fait sursauter. Jamais elle n'avait fait montre d'une telle force, d'une telle détermination à être là. Le coup perce la poche des eaux immédiatement. Et puis plus rien. Un calme plat. Envie d'une douche, d'un bain, d'être au calme. Envie de dire à mon homme que c'est peut-être le moment d'y aller, de préparer les affaires, de monter en voiture. Mais ce calme plat. Je ne me presse pas.  Le temps d'une douche, d'un moment pour rassembler quelques affaires. 
Et puis tout va très vite. Une première contraction arrive. Une vague puissante, énorme, qui me dit clairement que je n'ai même pas le temps de songer à partir en voiture. Une vague qui m'empêche de descendre les 50 marches d'escalier pour rejoindre la rue. Une vague de deux minutes, suivie d'une autre vague toute aussi longue quelques secondes après. Et de toute une série de vagues. Je respire, je souffle, je revis mon yoga prénatal comme une bénédiction. Je n'ai pas mal, je plonge dans le moment, je suis dans ma bulle. Mon homme est là, confiant, si confiant, lui qui a déjà vécu et accompagné la naissance d'issa à la maison. Il monte les chauffages et me fait des massages. Je sens le petit corps de mon bébé qui descend en moi, je la sens déjà qui tourne, qui trouve sa route. Nous activons le plan B, appeler la sage femme libérale locale. Nous lui laissons des tonnes de messages sur ses répondeurs. 
Les vagues continuent, sans me submerger, je surfe, je souffle. Ma conscience me demande si je dois paniquer, nous sommes tous seuls. Une petite voix dans ma tête me dit très clairement "je suis une femme du monde, j'accouche". C'est simple, posé, clair et net. Oubliées la panique, l'inquiétude, je repars dans ma bulle. Et puis, elle arrive tranquillement, c'est elle qui pousse et pas moi. C'est elle qui vient, à son rythme, très vite, mais si calmement. Son papa l'attrape dans ses bras. Elle dort. Elle vient au monde en dormant. C'est si inattendu, si troublant. Elle s'éveille doucement, sans pleurer, elle est tout contre moi et me regarde avec de grands yeux éveillés. Elle veut juste nous dire qu'elle a choisi de venir dans cette intimité là, calme et décidée. 


My sweet little lili. Two years already. It was a Tuesday, snowy day. During the night I could feel some movement, asking myself if it was a bit of labour. I even asked our midwife to come in the morning and check. But no labour detected. I was a bit nervous about how this birth would come. For issa, it was at home, with a special midwife I had known during all the pregnancy. It was such a cosy birth, with intimate people, this midwife and issa's daddy. But this time, there was no more midwife that practiced homebirth around. Those kind of midwife are very rare in France. I had just the solution to go to the nearest hospital, located half an hour driving from our home. That was not my choice, but the  only solution that existed. 
In this Tuesday morning, we went to the hospital, to see the doctor and check for our nine's months visit. All was Ok, and he told me not to wait more than one hour if I had contractions. 
When we went back home, I just eat and went for a nap. This 5 of February, I fought, a beautiful number, 5. And I was pretty sure that this girl would choose to be born before the number ten. 
And then a kick, was it a punch from her? I had never seen anything so powerful from my baby. And my waters broke immediately. But it was so calm then. No contraction, no pain, nothing.... I just took a shower, told her daddy to be ready to go when I could feel more signs. 
About half an hour later, suddenly, a beautiful and giant wave came to me. A "two minute" one, meaningful, telling me it was the first one, but it was also too late to go to the hospital, to come down the fifty steps of the stairs and to sit half an hour into a car. The baby was closed, she took her path in  the silence of my belly. She was just saying, "I will be born here". The local midwife did not answer to our phone calls, my beloved man was so perfect, calm and relaxing, helping me with massages and comfort, water and essential oils. At one moment I asked myself, "would I panic?" and then a little voice in my head could answer " I am a women of this world, I'm just giving birth as so many others". And I get back into my bubble, into my inner world. 
This baby was arriving, with no pain, no suffering. My prenatal-yoga classes saved me. This was such a wonderful moment, a powerful moment. When she decided, she pushed, I didn't. Her daddy welcomed her in his arms, she was sleeping. I mean, really sleeping. She woke up slowly, never cried, opened her eyes and watch me so seriously. Oh, my baby, calm and determined, as you are still today.




9 commentaires:

  1. C'est dingue de venir au monde en dormant...et quel beau récit et quelle belle photo!

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  2. Oh Lili, quel beau début d'histoire tu as choisi! Moi aussi l'idée d'être une femme dans le monde m'a beaucoup portée... Elle est si jolie si petite!

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  3. J'en ai lu beaucoup des récit de naissance. Mais celui-là est le plus beau de tous.
    J'ai découverts ton blog grâce à Else, je reviendrai.

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  4. Oh comme ça me parle. Mes enfants sont aussi nés à la maison et comme dit une fois qu'on a gouté à ça difficile d'imaginer faire "autrement". Mon dernier petit garçon est donc né lui aussi un 5 février à la maison, il a deux ans ;-)

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  5. Cela fait presque un an que je viens chez vous régulièrement. Aujourd'hui, je lis le début de l'article et je me dis qu'il serait bon d'accompagner ma lecture avec une tasse de thé. Voilà, je suis posée et j'arrive à la fin, quel beau récit de début de vie pour votre Lili. C'est très émouvant et ça touche presque à la magie, merci.

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